Tous des créateurs : avancée et régression?
S’il y a une chose que je retiens de mes années de recherches universitaires, c’est de toujours garder mon sens critique à on. Lorsqu’un nouveau trend vient nous stimuler collectivement le FOMO, je plisse les yeux et me demande : ok, mais aux dépends de qui et de quoi?
Prenons l’IA. Sûrement la technologie la plus disruptive que l’on ait jamais eu entre les mains. Parce que son pouvoir est sans précédent, la plupart des gens savent qu’elle comporte son lot de risques et que si l’on laisse quelques big tech la développer comme ils l’entendent, l’humanité entière risque gros.
On peut certainement dire qu’il y a consensus sur le besoin d’un cadre réglementaire.
En parallèle il existe des innovations plus discrètes, nichées, à première vue inoffensives, et donc, peu critiquées. C’était le cas du financement participatif quand j’ai commencé à l’étudier, il y a 10 ans – un «outil gentil » qui démocratise la collecte de fonds.
Y a rien de mal là-dedans, non?
Mais quand on creuse, on trouve des bibittes. Par exemple, on constate qu’il participe au recul de l’État-providence au profit d’une logique entrepreneuriale. Que celui ou celle qui obtient la meilleure visibilité gagne.
Ce qui m’amène, aujourd’hui, à questionner certains aspects de l’économie de la création.
Que des plateformes permettent à des personnes de gagner de l’argent en faisant ce qu’elles aiment, c’est une méchante belle avancée.
Mais que cela devienne une nécessité pour joindre les deux bouts, ou que cela permette de nourrir quelques vedettes déchues de la droite conservatrice, grâce à des plateformes comme Rumbler, ça m’inquiète.
Pour résumer ma pensée, je cite le philosophe et sociologue Douglas Rushkoff, qui semble renoncer à la révolution numérique telle que nous la connaissons :
I find, a lot of times, digital technologies are really good at exacerbating the problem while also camouflaging the problem.
La solution, je ne la connais pas. Mais je sais qu’il faut se méfier des bancs de poissons optimistes.
Voici quelques lectures qui abordent quelques aspects sombre de la creator economy:
Rumbler, BitChute et Gab : un refuge pour les créateurs de la droite conservatrice
Rumble, a Canadian company, has become home to numerous “mega influencers” considered controversial or who have been deplatformed by major social media platforms. These include former US president Donald Trump and misogyny influencer Andrew Tate.
The Creator economy : democratizing access to employment for disabled people
L’économie de la création permet à des personnes en situation de handicap d’intégrer le monde du travail, à leur manière et leur rythme. C’est une bonne nouvelle, mais encore une fois, il y a lieu de se demander si cela ne participe qu’à camoufler le problème.
Doug Rushkoff Is Ready to Renounce the Digital Revolution
I’ve come to see these technologies as intrinsically antihuman. How far back do we have to go to find technology that’s not about controlling nature?
Créateur de contenu par nécessité : le cas d’une assistante pédagogique sur Only Fans
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Claudia