âGoogle will do the googling for youâ.
Câest ainsi quâont Ă©tĂ© introduits les "AI overviews" lors de la derniĂšre confĂ©rence Google I/O destinĂ©e aux dĂ©veloppeurs. On savait que ça sâen venait, mais aussi rapidement, avec une technologie au comportement erratique et imprĂ©visible qui risque dâĂ©touffer Ă la fois les sites dâinformation et son propre modĂšle publicitaire ?
En bon dieu qui a rĂ©ponse Ă tout, Google avait anticipĂ© les craintes des mĂ©dias et des producteurs de contenus numĂ©riques. Pour nous rassurer, des tests utilisateurs ont rĂ©vĂ©lĂ© quâen rĂ©duisant les frictions liĂ©es à « lâeffort de recherche », ces derniers auront tendance Ă en effectuer davantage.
Ce nâest pas tout : les liens sous les "overviews" obtiendraient plus de clics que sâils apparaissaient dans la page habituelle des rĂ©sultats. Dâautres tests menĂ©s sur 43 sites soutiennent aussi que le dĂ©ploiement des AI overviews gĂ©nĂšre plus de clics sur les liens des sources. Encore faut-il que ces liens ressortent dans les rĂ©sumĂ©sâŠ
Bon, peut-ĂȘtre que les comportements peuvent changer en interagissant avec un nouveau produit de masse, et les utilisateurs prendront lâhabitude de cliquer sur les liens suggĂ©rĂ©s. Mais jâai de gros doutes. La fatigue numĂ©rique est bien rĂ©elle et les raccourcis vers lâinformation seront adoptĂ©s le plus naturellement du monde.
Lâhumain est attirĂ© par des rĂ©compenses immĂ©diates. Ă peu prĂšs toutes les technologies ont cela dans leur ADN.
Câest en rĂ©flĂ©chissant Ă ce tournant majeur de lâaccĂšs Ă lâinformation en ligne que jâai participĂ© Ă lâatelier prospectif « Le futur numĂ©rique & la diversitĂ© culturelle linguistique » organisĂ© vendredi dernier par la Chaire Unesco en communication et technologie pour le dĂ©veloppement de lâUQAM.
Je nâĂ©tais pas la seule Ă vouloir exprimer mes inquiĂ©tudes face aux nouveaux dĂ©fis posĂ©s par lâIA. Quand on sait que certains appareils mobiles, comme les Galaxy, offrent par dĂ©faut des fonctionnalitĂ©s dâintelligence artificielle uniquement en anglais, il y a lieu de vouloir faire bouger les choses rapidement.
Lâurgence de lâaction a Ă©tĂ© lâun des principaux thĂšmes qui sont ressortis de ces discussions avec des chercheurs, des reprĂ©sentants des gouvernements et des acteurs des mĂ©dias, de la culture et du numĂ©rique. Oui, les besoins en matiĂšre de cadre rĂ©glementaire, de financement et dâĂ©ducation ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s, mais peut-ĂȘtre Ă cause de lâIA, la « cause » semblait plus brĂ»lante quâil y a un an. De nouvelles recommandations ont fait consensus.
Nous Ă©tions nombreux Ă dĂ©fendre le soutien de projets incrĂ©mentaux en culture. Ă dĂ©sirer une approche start-up : se lancer rapidement, tirer des apprentissages et sâadapter. Sensibiliser le milieu Ă la rĂ©alisation de prototypes, en passant par des phases de problĂ©matisation et dâidĂ©ation.
Nous sommes chanceux, nous avons lâexpertise en matiĂšre de dĂ©couvrabilitĂ© culturelle au QuĂ©bec. Il sâagit maintenant de mettre nos belles idĂ©es dâinnovation en action, peut-ĂȘtre par lâentremise dâun lab qui serait dĂ©diĂ© Ă des collaborations entre les acteurs de la culture, du numĂ©rique, les artistes et les publics?
RĂȘvons un peu.Â
Pour rĂ©pondre Ă la perte de visibilitĂ© de notre culture dans lâunivers des Big 5, tout en favorisant lâapprentissage culturel, artistique et technologique tout au long de la vie, nous dĂ©velopperions une culture du prototypage. Nous accepterions la prise de risques ; nous reconnaĂźtrions quâune solution ne peut ĂȘtre parfaite dĂšs le dĂ©part et que lâempathie est essentielle afin de comprendre les problĂšmes Ă rĂ©soudre.Â
Je fais ici référence au processus du design thinking.

Des initiatives qui nous ouvriraient de nouvelles perspectives et nous permettraient de sortir du techno-solutionnisme. Ce nâest pas parce que la « plateformisation » de la consommation et de la distribution des contenus culturels est un enjeu pour le rayonnement, voire la survie, de nos productions francophones nationales et locales que la rĂ©ponse doit ĂȘtre de mĂȘme nature. De toute façon, les moyens financiers sont inĂ©gaux.
Ce quâil faudrait, câest penser en rebelles Ă©conomiques pour innover⊠radicalement?
« [Ils] se crĂ©ent une identitĂ© collective et mobilisent les soutiens. Leur point de dĂ©part est une « cause brĂ»lante », digne de soulever lâĂ©motion et de donner naissance Ă une communautĂ© de membres. Autour de cette cause va se dĂ©velopper une mobilisation « cool » qui marque lâidentitĂ© du groupe tout en lâinscrivant dans la durĂ©e. [...] Les dirigeants conscients du rĂŽle de ces rebelles sont ceux qui auront le plus de chances de mener Ă bien leurs innovations».Â
En terminant, je vous suggĂšre fortement lâĂ©coute du dernier Ă©pisode de Search Engine sur les "AI overviews" et la possible fin du Web tel quâon lâa connu.Â
Une piste de solution nommée à la fin? Le fédivers.
Apparence que le futur numérique sera collaboratif et décentralisé.
VoilĂ ! Encore une fois, nâhĂ©sitez pas Ă me faire part de vos commentaires et recommandations de lecture.
Je vous remercie dâavance.
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Claudia