Chaos chez les technos : quels impacts pour les créateur.trice.s?
Fin des médias sociaux? | L’économie de la création : démocratique ou élitiste? | D’où vient la motivation? | Les workinfluenceurs | SEO TikTok
« On dit réseaux sociaux ou médias sociaux? »
Cette question, on me la posait souvent il y a quelques années. Surtout les animateur.trice.s, car iels voulaient employer le bon terme en ondes. On était à Radio-Canada et Facebook/Twitter commençaient tout juste à être considérés comme des points de contact avec le public.
Or aujourd’hui, j’ai l’impression que la moyenne des ours dit encore « réseaux sociaux ». Venant de ma mère, OK, mais d’un chroniqueur à la radio…
Ce sont deux choses différentes qu’on a considérées à tort comme équivalentes; après tout, on réseaute sur Facebook! Mais non. La distinction s’impose et encore plus aujourd’hui, alors que les plateformes sociales sont davantage des entreprises de diffusion de contenus en continu.
Plusieurs ont annoncé cette semaine la fin des médias sociaux.
Ian Bogost (The Atlantic) affirme que le problème réside dans ce statut de « média social », alors qu’au départ, l’outil devait nous aider à organiser nos relations :
The shift began 20 years ago or so, when networked computers became sufficiently ubiquitous that people began using them to build and manage relationships. Social networking had its problems—collecting friends instead of, well, being friendly with them, for example—but they were modest compared with what followed. Slowly and without fanfare, around the end of the aughts, social media took its place. The change was almost invisible, but it had enormous consequences. Instead of facilitating the modest use of existing connections—largely for offline life (to organize a birthday party, say)—social software turned those connections into a latent broadcast channel. (...) And it’s a terrible idea that is entirely and completely bound up with the concept of social media itself: systems erected and used exclusively to deliver an endless stream of content.
Paul Ford (Wired) en appelle à une nouvelle révolution Internet orientée davantage par l’exploration que la diffusion. Autrement dit, moins de courtes vidéos, plus d’articles PDF. Son point de vue m’apparaît conservateur, mais il est franchement bien articulé.
Edward Ongweso Jr (Vice) s’en prend directement aux annonceurs.
For years, our social media feeds have largely not been unadulterated streams of posts from friends and people we've chosen to follow. Instead, the content we are most likely to see is, famously, selected by inscrutable algorithms, which themselves can be bypassed by advertisers who pay to boost or promote their posts.
OK, mais qu’est-ce que cela signifie pour les créateur.trice.s qui ont investi ces environnements et leurs outils?
Mon avis : hormis des pertes de revenus pour celles et ceux qui ont un modèle basé sur la publicité, les plateformes vont mettre le paquet pour attirer/retenir les créateur.trice.s.
It does make sense to start spending some money on creators, disait justement Elon Musk cette semaine, en proposant de les payer 10% plus cher que YouTube. En tout cas, la suite ne sera pas plate!
Et maintenant, mes signets de la semaine.
DES IDÉES QUI BRASSENT
💡 La chaîne d’approvisionnement créative (quelque chose du genre)
Un texte truffé de bonnes idées signé Michael Mignano, cofondateur d’Anchor, une application qui permet l’enregistrement et la distribution de balados. Il soutient très justement que l’économie de la création, dans sa forme actuelle (comprendre : soutenir le modèle d’affaires des plateformes), est loin de représenter le mouvement de créateur.trice.s qui ne monétisent pas nécessairement leur travail. Et pour plusieurs raisons.
The Creator Economy was never about democratization; it was about elitism. [...] But the reasons why people create are far more universal and fundamental to our common humanity, and these reasons result in a tremendous amount of aggregate value.
Ben oui, pourquoi certaines personnes sont-elles plus motivées que d’autres au travail ou dans un sport? Réponse courte : la motivation procéderait de nos émotions et de l’existence d’une auto-efficacité.
Ce texte n’est pas nouveau, mais je crois que les questions qu’il soulève font écho à des tendances actuelles dans le monde du travail, notamment le quiet quitting.
So the impending end of work raises the most fundamental questions about what it means to be human. To begin with, what purposes could we choose if the job – economic necessity – didn’t consume most of our waking hours and creative energies?
MONDE DES CRÉATEUR.TRICE.S
👩💼 La montée des workinfluencers
Ce n’est pas la première fois que je parle du phénomène des « influenceur.euse.s à la LinkedIn », qui empruntent souvent un langage inspirationnel bas de gamme. Cet article va un peu plus loin en abordant le difficile équilibre entre la mise en scène de soi au travail et la discrétion professionnelle.
🤔 Comment Twitter pourrait-il améliorer la monétisation du travail des créateur.trice.s?
On parle surtout de redevances publicitaires, car la fonctionnalité de don ne semble pas très concluante. Comme le dit l’un des participants au thread, les gens ne sont pas prêts à payer pour du contenu sur cette plateforme.
Autre idée que j’aime bien : monétiser des listes. Je serais prête à payer un peu pour cela!
👩💻 Conseils pour travailler son SEO sur TikTok
Yup, TikTok est aussi un moteur de recherche. D’ailleurs, je l’utilise de plus en plus pour mes recherches sur l’économie de la création.
Voilà pour cette semaine.
Merci de votre intérêt et encore une fois, n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires et suggestions!
Claudia